PRINCESSE DE PIERRE
PAULINE PEYRADESPECTACLE EN CLASSE (À PARTIR DE LA 4ème)
PRINCESSE DE PIERRE est un conte contemporain écrit sous la forme d'un monologue court.
Une parole, directe et frontale, puissante, autour du harcèlement en milieu scolaire.
Éloïse « la sans-amis ». Éloïse « qui pue ». Éloïse qui va réapparaître quand la cloche va sonner. Car une fois sortie de la salle de cours, le « jeu » va recommencer.
Un jeu collectif et cruel dont elle est la victime quotidienne.
Alors pour ne pas sombrer, pour ne plus avoir envie « de garder les yeux fermés », « de partir dans un endroit où il n'y a personne », pour rester en vie, Éloïse la combattante prend la parole et résiste. Alors qu'il reste « trois minutes mois une seconde » avant la sortie de la salle de classe, elle fait jaillir une parole intérieur, cachée, et crie sa peur, son mal-être, la honte qui l'habite et son dégoût d'elle-même.
“VOUS PENSEZ, CE N’EST PAS GRAVE, TOUS LES JOURS ONT UNE FIN, CELUI-CI N’EN A PAS.”
Avec Emeline Fremont
De la 6ème à la terminale
Durée 1h
Représentation 30 minutes (s'ensuit une discussion / débat avec la classe de 25min environ)
>>> NOTE D’INTENTION
>>> CONDITIONS
PRINCESSE DE PIERRE , LA FORCE DES MOTS.
UNE PAROLE INTERIEURE
Lorsque j'ai découvert le texte de Pauline Peyrade, c'est comme si j'avais reçu un uppercut en plein cœur. Avec la seule force des mots, et sans jamais tomber dans le pathos, l'autrice nous livre la parole d'une jeune collégienne victime de harcèlement et qui est en lutte.
“La cloche va sonner, bientôt.
La grosse aiguille se colle à la petite, la trotteuse se dépêche”
D'abord posée et contenue, à l'approche de la sonnerie des classes la parole intérieur se libère, se déverse et devient une vague inarrêtable et oppressante. Car là est la force de l'écriture de Pauline Peyrade : nous faire ressentir par les mots, l'oppression subie par Éloïse, l'extrême violence dont elle est victime. Cette violence qui, pour ne pas la détruire, surgit ici par le biais d'un monologue intérieur. En effet, Éloïse ne prend pas la parole directement face au groupe d'élèves de sa classe, mais c'est tout ce qu'elle aurait aimé dire, tout ce qu'elle voudrait dire qui est donné à entendre.
Et tandis qu'un.e harceleur.euse a besoin de son public pour exister, l'autrice ici renverse la situation et fait du groupe d'élèves assis face à la comédienne, le public d'Éloïse. Et parce que ce public est là, contraint d'écouter, la personne harcelée fait théâtre devant une audience prise à son propre piège.
LA PUISSANCE DE L 'IMAGINAIRE
Princesse de pierre est un conte. Un conte cruel. Pour l'autrice, “Les contes se passent d’explications. En très peu de mots, ils déploient des mondes et parviennent à toucher ce que nous portons au plus profond de nous. Il n’y a pas non plus de psychologie dans les contes“.
Formée à l'Ecole superieur national du TNB par l'acteur et metteur Stanislas Nordey, je suis, comme lui, une grande amoureuse de ''la langue''. Et, comme lui, je crois profondément en la force des mots et en notre capacité à nous artiste, “à lever des remparts contre toute forme de barbarie en ouvrant les imaginaires”. Des imaginaires qui prônent “l'accueil à l'autre, l'ouverture et la tolérance” (Stanislas Nordey, interview Télérama du 19/07/23). C'est aussi ce qui me touche et m'émeut dans le texte de Pauline Peyrade : un appel à retrouver notre empathie.
Nous ne pouvons pas promettre au jeunes d'aujourd'hui un monde tout beau et tout rose, un monde « safe », car nous, adultes, savons que malheureusement le harcèlement ne s'arrête pas aux portes des écoles, collèges, lycées. Il est présent aussi dans le monde du travail et dans la société en règle générale. Mais avec un texte comme Princesse de pierre joué en classe, avec tout ce qu'il a de brutal et de bouleversant, nous pouvons semer quelque chose de différent et susciter une prise de conscience collective, un réveil face à cette violence répétée. Et donner aux plus jeunes des armes pour apprendre à négocier avec ces personnalités harcelantes. Pour ne pas les laisser nous détruire.
Emeline Frémont, 11 octobre 2023.