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PRINCESSE DE PIERRE - NOTE D’INTENTION
LE HARCELEMENT, UNE QUESTION SOCIALE ET POLITIQUE


DES CHIFFRES
Le harcèlement scolaire est un phénomène qui a longtemps été nié en France, où la première campagne nationale de sensibilisation n'a vu le jour qu'en 2011.
Nous sommes aujourd'hui en 2023 et dans notre pays, environ 1 élève sur 10 serait la cible de harcèlement à l'école.
Le résultat de l'enquête nationale de climat scolaire et de victimisation auprès de collégiens pour l'année scolaire 2021-2022 ( publiée sur le site du Ministère de l 'Éducation nationale et de la Jeunesse) révèle que : «malgré [un] climat scolaire qu’ils décrivent globalement de manière positive, les collégiens déclarent être victimes de certaines violences. Les atteintes les plus fréquentes sont les vols de fournitures scolaires (54 %), les surnoms désagréables (44 %), les insultes (43 %) et les mises à l’écart (43 %). Les violences physiques touchent plus les garçons que les filles, mais ces dernières sont davantage concernées par les mises à l’écart. 46 % des élèves déclarent avoir été victimes d’au moins une violence de façon répétée durant l’année scolaire. Et 6,7 % des élèves signalent cinq atteintes répétées ou plus. Cette situation de forte multivictimation concerne davantage les élèves de sixième. »
Selon un autre rapport pour le Ministère de l’Éducation National et de la Jeunesse le harcèlement commence dès l'école primaire avec 2,6 % d’élèves de CM1-CM2 qui déclarent subir une forte multivictimation qui peut être apparentée à du harcèlement (enquête Depp 2021).

Entre 2020 et 2023 ce sont 20 adolescent.e.s victimes de harcèlement scolaire qui se sont oté.e.s la vie. Ce chiffre accablant vient aussi poser sur le devant de la scène la place des réseaux sociaux dans ce phénomène du harcèlement.

LES RESEAUX SOCIAUX : UNE FENÊTRE SUR LE(S) MONDE(S)
Avec les réseaux sociaux, le harcèlement ne s'arrête plus aux grilles de l'école mais poursuit l'élève victime jusque dans son propre foyer. Il, elle, ne peut plus se soustraire aux regards des autres ; son monde intime, familial n'est plus un refuge, et l'oubli de la violence subie à l'école est donc impossible.

Ensuite, comme le décrit le philosophe Robert Maggiori ( émission « Avec philosophie » du 29/09/2023), trois facteurs dilués dans notre société influent et définissent les nouveautés de comportement harceleur (puisque par le biais des réseaux, n'importe qui à accès à tout, n'importe quand, et n'importe comment) :
1 - Une popularisation du mal, c'est à dire qu'on a plus peur de faire du mal, on a plus peur d'être agressif, au contraire. Les monstrations d’agressivité dans les rues, les trains, les lieux communs est en nette augmentation.
2 - La perversion de la liberté. Autrement dit la notion de liberté aujourd'hui consiste pour une majorité de la population à pouvoir « faire ce que JE veux et advienne que pourra pour les
autres ».
3 - La destruction du langage, ou, toujours selon Robert Maggiori, une « cyrilhanounisation du langage », où l' on peut dire absolument n'importe quoi sans aucun contrôle de l'argumentation. La parole est libre de tuer, est libre de faire mal, libre d'humilier. Et aujourd'hui l'humiliation n'est plus vu comme quelque chose de mal.

“Nous vivons aujourd'hui dans une société extrêmement stigmatisante avec les gens différents, que ce soit l'orientation sexuelle, la précarité, les origines ethniques... Nous baignons dans ce climat où humilier le différent n'est pas contenu au sein même de la société, où rien n'est fait pour qu'on puisse regarder les différences avec tranquillité et rien n'est fait pour que ça change”, explique Anne Révah, auteure et professeure de pédopsychiatrie à l'Université Paris Cité.

“Même nos responsables politiques portent un discours qui va toujours stigmatiser une partie de la population. On est pas là pour le commun et pour '' tout le monde'' mais pour un certain type de populations qui sont valorisées et d'autres qui sont stigmatisées. [...] Et les adolescent.e.s, en pleine construction identitaire et où toutes les notions de soi et de l'autre sont à vif et vont nécessairement mobiliser un certain nombre de données agressives, n'échappent pas à ce climat”
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