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LA MONTAGNE
NOTE D’AUTEURE

Écrire au sujet de la montagne. Écrire en montagne.
Ou plutôt écrire avec la montagne.
Hélène et Pierre s’aiment, et aiment la montagne. Double amour.
Triple lien, non pas un triangle amoureux, mais une valse, un amour vaste, s’aimer,
aimer avec. Dans la recherche de récit, et de mots, il s’agirait effectivement d’intégrer
la montagne non comme un laboratoire textuel, un support aux drames humains,
mais comme partie prenante d’Elle et Lui, d’Eux entre l’intime et l’immensité. Et
pour cela, comme on décortique les émotions d’un couple, les élans, les pulsions, nous
pourrions tenter d’écrire avec l’intime de la montagne : les roches, les pierres,
les plaques ?
Qu’est ce qui fait lien, d’elle à lui, à elle ?
La montagne peut-elle entrer dans le corps, le corps entrer dans la montagne ?

Est-ce que les pierres ont un langage, que disent-elles ou plutôt comment participent-
elles à l’histoire d’une ascension, d’un accident, d’une quête ?

Partir en quête des mots de la marche, des mots de l’escalade, jusqu’à, pourquoi pas
rentrer dans le langage minéral. Croisement des mondes, des temps, temps humains
et temps géologiques.
Transports amoureux, métamorphose des corps, mouvements d’une montagne.
Dans le cycle de « naissance et mort » des roches, chercher les langues qui agissent.
Latérisation (quand les roches deviennent sables) Enfouissement. Diagénèse (quand les sables
deviennent roches)...Roches sédimentaires.
Fusion du magma et solidification, les roches magmatiques.
Déformation en profondeur, dans l’intime même du minéral...les roches métamorphiques.
Se nourrir de ces langages, les recréer, pour s’y relier,
Suivre le philosophe Olivier Rémaud (Quand les montagnes dansent) quand il parle de
géosolidarité par un récit qui relie, qui transcende peut être. Érotisme et Érosion ?
Jouer avec cela, de façon légère, flottante, mais toujours sérieuse. Ressentie.
Comment Hélène et Pierre voient les roches ? Que leur disent-elle ?
L’absolu ? Lequel ? A l’échelle des temps géologiques, une montagne ne serait qu’une
vague qui passe...Héroïsme d’un sommet dont la fin n’est qu’un retour à l’horizontal
(pénéplanation).
Vertical, Horizontal, explorer les points de vue : Celle qui reste en bas, Celui qui
s’élève. Et la montagne ? Collision, Subduction, extension, compression.

"Du point de vue de la montagne, l’orage n’est qu’un battement de cœur, un
évènement dérisoire de plus à l’échelle des millions d’années, comme celle-là en a
connu des milliers d’autres. La montagne ne s’émeut pas face à l’orage. Du point de
vue de la montagne, l’orage est un sculpteur lent qui travaille par petite touche pour
lui donner forme."
Estelle Zhong-Mengual, Apprendre à voir
Écrire Il et Elle, et Elle. Dans leurs singularités, et dans leur lien. Muer il, elle, elle, en
nous ? Chœur ? Hymne d’Amour ouvert, vivant, vibrant.
Hymne du poète. Chant des roches, insensé ou intrépide. Paroles Vives, Vraies.
Cirque de mots mouvants ! Non pas les « montagnes russes » mais le passage au plus
près des matières et des maux.
Chercher cela ?

Marie-Émilie Porrone