DRAMATURGIE ET MISE EN SCÈNE
« Peindre, chemin faisant, à l’occasion de cette idée, non seulement l’homme et la femme,
non seulement ces deux femmes et ces trois hommes, mais tout un siècle, tout un climat, toute une civilisation, tout un peuple »
Victor Hugo
non seulement ces deux femmes et ces trois hommes, mais tout un siècle, tout un climat, toute une civilisation, tout un peuple »
Victor Hugo
Angelo Tyran de padoue est écrit en prose, et non en alexandrin . Et c’est avec ce style dépouillé « net et dégraissé » que Victor Hugo plonge le plus profondément dans la nuit des relations entre
les êtres. La direction d’acteur d’une précision presque chirurgicale cherche à s’approcher au plus près de chaque mots chaque verbe, chaque silence, dans son sens/son premier. C’est ainsi que nous tenterons de faire entendre toute la puissance et la poésie d’Hugo.
Le jeu sera donc lui aussi dépouillé des « clichés du drame romantique » pour viser le cœur. Le cœur brut, pur. Ce travail en dentelle, mettra à jour le déploiement des sentiments humains les plus complexes : Il y a tout au long de la pièce, et dans les interstices des mots, l’omniprésence de pulsions de désir et de mort mêlées.
La question sociale traitée si souvent par Victor Hugo est ici concentrée dans les personnages féminins. Toutes deux oppressées (l’une par son mari, l’autre par son statut social), elles se posent en dualité, puis, dans un monde de terreur, font le choix de la sororité.
Emeline Frémont et Lucie Boissonneau que j’ai choisies pour interpréter respectivement Catarina
et la Tisbé en plus d’être deux comédiennes d’exception portent en elles cette intelligence
sensible propres à ces deux rôles. Deux femmes que la force et la sensibilité mêlées rendent charismatiques.
A la lecture de la pièce j’ai été bouleversée, étonnée presque, par la justesse des propos de ces
deux personnages féminins. Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans Angelo tyran de padoue,
les mots, le phrasé de Juliette Drouet, compagne de Victor Hugo, dans ses lettres (antérieures à l’écriture du texte).
Victor Hugo, met également en scène le « petit peuple » dans cette société tyrannique. J’ai souhaité donner à voir, littéralement, le « musèlement » du peuple. En effet, ainsi privés de paroles, des personnages rodent, écoutent, agissent. Figures fantomatiques, on comprend au fil de l’intrigue que, bien que subalternes, elles sont souvent les clés des situations.
La scénographie et la mise en scène épurée est pensée pour s’adapter à l’extérieur comme à l’intérieur. : Un plateau de 6mx5m, sur lequel sont posés des éléments scénographiques noir brillants et roulants (5 cubes, une porte, un banc) permettant de donner à voir différents espaces : Large et ornementé de guirlandes lumineuse dans le jardin, resserré dans une chambre, isolé... Un principe scénique évoquant la prison dorée du palais au milieu d’un monde silencieux, nocturne.
De même, la musique uniquement en live jouera des résonances différentes à chaque lieu de représentation. C’est l’acteur musicien Nathan Bernat incarnant le personnage de l’espion Homodéi, véritable chef d’orchestre de l’intrigue qui jouera toutes les musiques du spectacle. Une dramaturgie musicale qui nous fait traverser l’Italie à travers les siècles ( du 16 ème au 21eme).
Deux versions d’un même spectacle :
Le patrimoine architectural ou naturel comme décor : un théâtre chargé d’Histoire(s)
L’extérieur jouera du réel des situations ou les personnages sont toustes potentiellement scrutés par le monde sombre qui bruisse autour d’eux.
Sur une scène de 6m sur 5 devant des façades de bâtiments historiques (châteaux, maisons de maître, masures).
Ainsi, chaque représentation aura pour scénographie un décor unique et spécifique nous plongeant dans une traversée des siècles. La façade devant laquelle l’histoire se déroule devient donc une surface
de projection esthétique et inspirante ou le drame dialogue autant avecles livres d’histoires qu’avec les histoires fictives dont Victor Hugo rend hommage et qui fondent notre imaginaire collectif (Roméo et Juliette de Shakespeare, Musset, Dumas, Dante).
Ainsi nous traverserons les siècles avec à l’esprit cette note de Victor Hugo dans la préface de Marie Tudor : « L’histoire de nos pères doit être confrontée à celle que nous faisons »
Une boite noire comme terrain de jeu pour faire advenir le polar.
Dans la version intérieure, c’est avec le silence étouffé que nous jouerons.
Les lumières différemment travaillées et tamisées nous emmèneront dans une histoire encore plus intime où chaque respiration, axe de regard sera chargé de sens. Ainsi, nous pourrons presque ressentir l’effet d’un thriller psychologique haletant.
Une histoire intime donc qui se révèle être une véritable fable politique et sociale questionnant le pouvoir, l'amour, le désir... En toute actualité !